Perpétuant une certaine tradition qui veut que les fratries s’épanouissent à Delaune tels les Bataille, Simonet et autres Richard, Lucas et Maxime Petit sont désormais réunis en Rouge et Noir avec l’équipe première de leur club de cœur. Si le second ne compte que 12 feuilles de match et navigue encore entre première et réserve, la progression est bien là et l’avenir à dessiner. Échange depuis les ailes.
Ils sont un peu comme les deux faces d’une même pièce, forgés par les valeurs de la discipline, du travail, du courage et du respect. Ainsi l’un est ailier droit avec une belle patte gauche, l’autre ailier gauche avec un bras droit précis. Passionnés de jeu, capables de s’adapter et de la jouer collectif pour leur équipe (le premier a démontré des vertus pour le poste d’arrière droit tandis que le second a des possibilités comme demi-centre), tels sont respectivement Lucas Petit, le grand frère tranquille et protecteur, et Maxime, son cadet, plus extraverti. Deux bijoux grandis à travers quasiment toutes les catégories de l’US Ivry Handball et désormais figures des Rouge et Noir, qui ont bien participé à la première victoire de la saison des Val-de-Marnais face à Nîmes.
Un nouvel aboutissement après avoir déjà eu quelques fois le plaisir de partager furtivement le 40 x 20 m, comme le détaille Maxime : « Depuis tout petits, on rêvait de jouer ensemble et cela a été un de mes critères quand je suis passé stagiaire pro car dans les catégories jeunes, ça n’a jamais pu être le cas. On a 2,5 ans d’écart mais on a tous les deux quasiment toujours été surclassés, ce qui fait qu’on n’était jamais ensemble. Le réaliser en pro était donc un objectif et je suis reconnaissant envers le club de pouvoir le faire aujourd’hui. Il y a de la satisfaction et de la fierté à y parvenir avec deux parcours néanmoins différents. » Surtout, ce match est le plus abouti de la fratrie puisque le « petit nouveau » ne compte finalement que 12 feuilles de matchs avec les pros tandis que « l’ancien » affiche pas moins de 128 apparitions en championnats (Starligue et Proligue). Ce qu’explique Lucas : « Là, c’était vraiment un énorme plaisir car lui comme moi avons vraiment participé à la victoire collective. Il a pas mal joué, a marqué, moi aussi. C’était un super match et de supers sensations. Quand tu perds tu n’as pas ces sentiments-là. Vivre ça ensemble, c’est très fort. Je suis vraiment fier de nous. »
Il faut dire qu’au fil des années, quelques complications se sont mises en travers de cette potentielle réalisation car Lucas a d’abord du tracer son chemin, en pionnier, tandis que les blessures de Maxime ont retardé un peu son éclosion. Mais aujourd’hui le jeunot croque le hand à pleines dents aux côtés de son aîné. « Ça m’enchante vraiment de le voir évoluer à ce niveau au regard de son parcours » souffle Lucas. « Je suis vraiment content que son travail paye car il s’est battu pour en être là. » « J’ai été remis sur pied grâce à un gros travail du club » poursuit le droitier. « Et depuis deux ans que je m’entraîne avec les pros, je sens que je ne cesse de progresser. J’ai de la confiance, notamment de la part du coach, et c’est ce qui t’amène à aller encore plus loin. J’ai, chaque jour, envie de rendre cette confiance que l’on me donne. Je le dois aussi à ma famille, mon frère qui m’ont toujours soutenu. »
Poisson pilote, Lucas avait déjà un peu d’expérience à revendre quand Maxime a connu les galères des blessures lourdes et des rééducations. Il lance : « Je ne pouvais pas faire la kiné à sa place, mais mentalement et en terme de motivation, j’ai été là pour lui. C’est normal. Il fallait que je l’aide à garder le goût de réussir, qu’il n’oublie pas l’objectif qu’il s’était fixé quand il était plus jeune. Il fallait qu’il aille au bout pour ne pas avoir de regrets. Et il l’a fait. C’est génial. D’autant que maintenant, il a aussi son expérience à partager, son regard de joueur et que c’est très utile car on échange beaucoup l’un avec l’autre. J’ai vu beaucoup de ses matchs, lui beaucoup des miens. Notre relation de partenaires et frères ne va pas que dans un sens, heureusement. Je lui demande souvent ce qu’il a pensé de telle ou telle chose. » Le frangin de poursuivre : « Il est le premier qui peut me donner un conseil, c’est sûr. Et ça permet de se tirer vers le haut. Si plus jeunes, on se chamaillait un peu, aujourd’hui, on est très complices sûr et en dehors du terrain. On part en vacances ensemble notamment. »
Pour autant, on sent qu’il vaut mieux qu’ils jouent côte à côte que face à face… « Ah moi j’adore être face à lui » rigole Max, bravache. « Moi aussi » se marre Lucas. « Les premières fois, à l’entraînement, c’était quand même un peu bizarre, mais maintenant, c’est plus habituel, naturel. Et puis, tu ne peux pas faire de cas particulier parce que c’est ton frère en face. Tu as aussi tes propres objectifs, tes choses à prouver. Donc s’il faut prendre le dessus, j’y vais. Et lui aussi. Quand on jouait au foot, enfants, ou à la console, c’était comme ça. »
Et il est difficile de savoir qui est le meilleur des deux dans ce dernier domaine puisque chacun livre la même réponse « C’est moi ! ». Un peu comme balle pégueuse en main finalement… Quand on joue en miroir sur le terrain, difficile d’être trahi par son reflet !